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Surchauffe

La mer monte les glaces fondent,
Qui stoppera le processus
Par lequel notre pauvre monde
Deviendra nouvelle Vénus ?

Et pourtant nul trop ne s'alarme
De voir la terre trépasser,
Personne ne verse une larme
Pour pleurer sa splendeur passée.

Les espèces dit-on disparaissent,
Et nos enfants en pâtiront,
Craignons enfin qu'on ne leur laisse
Que rats, cafards et pucerons.

Ils ne connaîtront la mésange,
Le cerf, le loup, le potiron,
Que par les fossiles étranges
Qui plus tard les leur décriront.

Enfermés dans des bulles closes
Pour résister à la chaleur
Et mener une vie morose
Tout en remâchant leur douleur,

Ils attendront leur fin prochaine
En rêvant d'un monde meilleur,
Gardant l'espoir de fuir leurs chaînes
Pour un jour s'en aller ailleurs.

Mais la science est impuissante
A combler tous ces rêves fous,
Et nulle planète accueillante
Aura jamais pitié de nous.

Nous resterons sur cette terre
Et nous boirons jusqu'à la lie
La coupe pourtant si amère
Du futur qui nous est promis.

Notre imprévoyance coupable,
Petit à petit a détruit
La vue de ce monde admirable
Que la nature avait produit.

Et si détruire est si facile,
Puisqu'il est trop tard désormais,
Brûlons nos réserves fossiles,
Cassons le climat à jamais.

Combien d'années nous sont laissées,
Combien de siècles de répit,
Chassons nos mauvaises pensées,
Ne ployons pas sous le dépit.

Il nous reste si peu à vivre,
Le pire n'est pas pour demain,
Restons donc sur ce bateau ivre
Et poursuivons notre chemin.